Cher lecteur, comprend bien que mon environnement, mes amis, les gens qui voyagent à côté de moi dans le train/métro/avion/montgolfière/etc., les gens dont je lis les pensées, sont la principale source d’inspiration de ces pages binaires. Ajoutons à cela le fait que, j’ai, allez savoir pourquoi, une tendance à susciter la confession. Est-ce mon visage avenant ? Ma capacité d’écoute ? Mon naturel un poil psychologue et ô combien curieux des facettes multiples de la nature humaines et de ses contradictions avec elle-même ou le monde. Toujours est-il que l’on me parle. On me parle beaucoup chaque jour et ces pages sont un peu toutes ces personnes. Leur désespoir, leurs questionnements, leurs aventures, leurs réflexions (ou leur absence de réflexion) sont ce qui nourrit, chaque jour, le miasme de mon cerveau servant la rédaction de ces présents articles. Ce contexte quotidien, mon oreille attentive, ou celle que je laisse trainer au hasard de mes aventures nomades, m’inspirent aujourd’hui cet article symptomatique d’une dégradation avérée de notre marmite sociale. Vous vous souvenez des articles Les Grands Interdits et Pourquoi s’interdire les 3 C ? ? Grand bien vous fasse ! Ça n’est pas le cas de certaines personnes délicieuses que je fréquente régulièrement et qui les ont trop vite oubliés. L’article de cette semaine m’est donc imposé par ce contexte hautement instable que je me dois de bétonner.
La solution de facilité
Plus de temps pour aller tremper un doigt de pied dans votre marmite sociale et faire de nouvelles rencontres, puisque c’est au travail que vous passez une grande partie de votre temps diurne, tandis qu’en dehors du travail, vous sombrez peu à peu vers une desociabilisation non assumée. Une solution de facilité s’impose naturellement à vous : choper au travail. Sortir avec son collègue ou avec sa collègue aurait pu sembler être une bonne idée, mais il n’en est rien. Echec ô combien classique de vos sens logique, pratique et moral. Bravo. Vous avez eu/entretenez/êtes sur le point d’avoir une relation avec un(e) collègue. Oui, le/la collègue c’est tentant, c’est pratique, c’est facile. Qui pourrait vous en tenir rigueur ?
Trop tard …
Votre attirance incontrôlable pour les costumes-cravates/tailleurs-talons a eu raison de vous.
C’est lorsque vos mains se sont frôlées devant le photocopieur-scanner, que son regard pénétrant et son sourire parfait vous ont fait réaliser que ce sont ces lèvres, que vous souhaitez embrasser sur le champ, le conduisant aux vôtres en tirant habillement sur son col sans lui laisser d’autres choix, promettant une étreinte sauvage et effrénée.
C’est lorsqu’elle a sagement rangé une mèche rebelle à son chignon parfait devant la machine à café que cette jeune secrétaire mutine vous est apparue incroyablement irrésistible. Sa jupe-complet-tailleur en tweed vous est apparue merveilleusement courte et vous voila soumis à la tentation de lui arraché violemment son chemisier à bouton-pression (vile tentatrice) entre deux portes.
Après cette prise de conscience, c’est au cours d’une réunion interminable, que, soumis à une mutuelle et intense pression sexuelle, vous ne pourrez trouver votre salut que grâce à une partie de jambes en l’air / arrachage de chemises / lunettes de travers / destruction de chignon / … débridée.
Il faudra, dans tous les cas, trouver une pièce inoccupée. La pause déjeuner semble être un choix pratique pour cela. Pour le lieu, idéalement un bureau sur lequel choiront quelques papiers, PC, classeurs, dossiers, et j’en passe, qu’une partie du plaisir consistera à faire valdinguer aux quatre coins de la pièce d’un habile revers de bras. A défaut, n’importe quel(le) toilettes/placard/voiture de service/local à fournitures/container/buissons dans la coure intérieure/dédale de parking ou de cage d’escaliers/ … fera l’affaire. Vous pourrez ensuite vous laisser aller et faire des folies de vos corps sur le/contre le/attaché(e) au/dans le/… matériel de l’entreprise y laissant l’empreinte de vos fesses/mains/visage/poitrine/pied gauche/… ou celle de votre obligé(e).
Tous les prétextes seront bons pour vous retrouver tous les deux seuls dans une pièce : la préparation d’une présentation, à l’intention de vos collègues, sur l’utilisation du trombone/rouleau de scotch/crayon-gomme/… , une fastidieuse évaluation des budgets pour 2031, une longue séance de perforation (sans jeux de mots de mauvais gout, je le jure) en vue d’un archivage dans des classeurs à intercalaires multiples, …
Voila qui semble terriblement excitant.
Mais il y a un « mais »
Oui, comme dans toute aventure, le but ne s’atteint pas sans un minimum de défit et le risque de l’échec. Passons sur les échecs standards des relations homme/femme liés, par exemple, à des buts incompatibles (cf Préalable 5 : C’est gagné ! ). En général, avec le/la collègue, un objectif basique sera d’éviter que votre relation se sache au sein de l’entreprise. Voila un saint objectif, louable et plein de bon sens. Pour autant, votre tendance à la facilité (flagrant puisque choisir son/sa collègue pour une partie de jambes en l’air l’est clairement à court terme) fait de vous une personne peu alerte sur ce genre de détails.
Mais le fait est que, dans le petit univers de l’entreprise, plus vous pratiquerez les visites éclaires dans le local à fournitures, plus vous augmentez les probabilités que ça se sache. Et quand bien même vous choisissez un cadre plus intime et loin de l’entreprise, rien ne vous garanti que l’autre ne lâchera pas un commentaire maladroit en présence de tierces personnes s’il prend trop ses aises avec vous. Bref, les risques sont là et sont multiples.
Mon conseil, puisque qu’il faut toujours que je la ramène avec mon avis, et que, si vous lisez ces pages, ce n’est pas forcement pour vous déplaire, limitez-vous un minimum. Un seule fois serait l’idéal. Au-delà c’est autant de chances d’être maladroit et moins prudent sur le secret de l’aventure. S’il vous est techniquement impossible de vous limiter, les séances au cours desquelles vous travaillez le corps de votre collègue doivent être sporadiques autant que possible. Question de prudence. Et puisque cela ne suffira probablement pas, vous aurait la chance d’être un des acteurs principaux des rumeurs mensuelles.
« eh, tu sais pas quoi ? Il parait qu’un commercial et une nana de la paie ont couché ensemble dans le placard à balais … oh je parie que c’est John … »
Et alors ?
Bon, personnellement je ne cautionne pas à 100% le/la collègue, les raisons principales sont dans l’article Pourquoi s’interdire les 3 C ? et découlent d’une implacable logique pratique, vous le savez déjà.
Mais ma foi, ce n’est pas un délit ! Qui se préoccupe de ce genre de rumeur ? Entre adultes consentants, on ne va tout de même pas faire des histoires de ce genre d’histoire. Franchement, alimenter ce genre de rumeur, en faire des scoops invraisemblables dignes des plus mauvais épisodes de Dallas ou des pires concierges du quartier ça va hein ! Ils n’ont rien d’autre de palpitant à raconter dans leur vie de merde au quotidien morne et plat ces gens là ? Retournez donc au boulot ! Voila ! Maintenant je suis énervé, bravo ! Bon sérieusement, qui couche avec qui ?