Voilà ce que j’aurais produit comme slogan si je bossais dans la pub … ça explique probablement pourquoi je n’y travaille pas …
Loin de moi l’envie d’écrire un article moralisateur sur l’importance de la capote, mais il est clair que je ne peux pas bloguer sur le sexe sans aborder le sujet.
Amis lecteurs, nous sommes une génération qui a dû prendre certaines responsabilités très tôt. Point d’insouciance sexuelle, les MST nous guettent dans l’ombre avec leurs petits yeux méchants. Le SIDA, les hépatites, les truc qui donnent des boutons, qui font mal en pissant, qui font tomber la bite (quoi ? comment ça, ça n’existe pas ?), et toutes ces autres maladies charmantes du genre ne peuvent traverser le latex … et puis un enfant c’est peut-être pas une maladie, mais, au même titre qu’une batte de base-ball, le préservatif permet de luter contre. Ce bout de plastique n’est franchement pas glamour, il est vrai, mais tellement utile.
Si pour beaucoup d’entre nous il répond à un réflexe pavlovien (baise=capote), il semble s’oublier quelques fois dans le fond d’un sac, d’un portefeuille, d’un tiroir, d’une boîte, d’une pharmacie. Eh oui, la capote pour que ça marche il faut pas l’avoir en tête, il faut la mettre … et au bon endroit … et au bon moment évidemment.
Ça n’est pas grand-chose, et c’est pourtant tellement important.
Une réflexion subtile me ferait constater que, si une MST faisait effectivement tomber la bite, tous les hommes seraient garants du port de la capote, à n’en point douter … mais je m’égare.
Il est clair que ça n’est pas sexy comme objet, on sait que le latex ça pue, que ça diminue les sensations, bref on sait que, dans ce genre de moment intime, on n’a pas forcément envie d’emballer de la viande sous vide.
Nous oublierons le tic-tac de la date de péremption
Eh oui, un jour on achète des capotes par boîte de 200 parce qu’on en a besoin (ou on pense en avoir besoin) et puis inexorablement, le 13 août 2012 arrive et avec lui l’échec d’occasions trop rares, voire d’une simili-abstinence de deux ans à laquelle on n’avait pas forcément envie de penser en jetant un reste de vieux manchons en latex périmés.
Un usage ludique pour égayer ce jour sordide serait d’en faire des bombes à eau ou des ballons d’anniversaire pour les orphelins du quartier.
Nous oublierons le dernier de la boîte
C’est le dernier, The Final Condom (tululutuuu tululututu …), la seule et unique chance à ne pas foirer car après ça, il n’y en aura plus d’autre. S’il est déchiré, mal enfilé, si, pour une raison quelconque, il n’accomplit pas sa destinée de préservatif, c’est rhabillage direct ou sommeil sur sa crampe libidineuse. Donc tu te mets la pression pour ne rien rater car tu sais que tu n’as pas droit à l’erreur. La sueur perle à ton front … la procédure est délicate … VICTOIR ! Le voilà enfilé ! Maintenant faut assurer pour ne pas le gâcher … le plus « dur » reste à faire.
Nous oublierons l’instant interminable de l’enfilage
*Musique sexy-smooth-jazz*. Après des préliminaires endiablés, leurs corps en feu n’attendent que de s’unir. Elle s’étend sur le lit et s’offre à lui dans un râle bestial « Prends-moi !». Il se jette sur elle, fou de désir, puis se retient. *Musique d’ascenseur*. Il se lève, cherche quelque chose dans le fond d’un tiroir, allume toutes les lampes car il ne trouve pas, elle s’étire, il peste sur son colocataire qui lui a emprunté l’objet recherché, elle bâille, il trouve enfin un préservatif qui s’était égaré hors de la boîte, elle somnole, il le déballe et allume encore les projecteur 5000W pour s’assurer de le mettre dans le bon sens, elle part se faire un sandwich, il l’enfile enfin et, *musique sexy-smooth-jazz*, ils peuvent s’adonner au plaisir brut et bestial du sexe.
Nous oublierons le final
Après les festivités, vient l’heure de l’extraction. La dimension de l’objet emballé sous vide ayant généralement considérablement diminué de volume, monsieur s’extraira du corps de sa belle, ramolli, emballé dans une chaussette de plastique moite, mal ajustée, elle-même doté un balourd fluide pendouillant, illustrant de façon indéniable sa performance virile.
Après s’en être débarrassé, il jaugera son exploit en constatant le taux de remplissage du réservoir tout en faisant un nœud afin d’éviter que ce génocide ne s’étale sur le plancher. Il gratifiera un réservoir bien plein d’un « ah bah oui, ça faisait longtemps hein ! » mental ou prononcé à voix haute, avant de se débarrasser de cette capote ayant accomplie dignement sa destinée.
!!! Attention les amis !!! : une bonne amie a moi qui travaille dans l’assainissement des eaux, et donc grande habituée des égouts urbains, m’a fait savoir un jour que les préservatifs dans les toilettes c’était un vrai fléau pour les égouts ! Je m’octroie d’ailleurs l’honneur de parler en son nom dans ce paragraphe final, alors pour ne pas la mettre en colère, sachez que la capote usagée, ça va à la poubelle !