Il était plusieurs fois …

Cher lecteur, mon ami, peut être es-tu de ceux qui me reprochent une vision quelque peu pessimiste de la vie de couple, de la rencontre, etc. Mais l’essence de ce blog n’est qu’une mosaïque de caricatures. Comment diable parler du célibat sans fustiger la vie à deux ? Comment faire d’un drame, une épopée, ou une comédie ? Je crois m’y employer de mon mieux.

Tantôt grossiers, tantôt subtils, il se trouve que parfois ces écrits sonnent juste d’une façon presque troublante pour le lecteur qui se sent concerné, comme pour moi qui lui ai parlé de sa vie (ou d’un épisode de sa vie) sans en avoir forcement l’intention.

Ma vision des choses n’est donc pas pessimiste, au contraire, j’ai parfois espoir de toucher du doigt un peu de vrai … et parfois la simple intention de m’amuser de l’absurdité du monde qui nous entoure, d’en rire, et d’en faire rire, si l’absurde vous amuse également … mais, ami lecteur, si tu es un habitué de ces pages, je suppose que c’est forcément un peu le cas.

Cher lecteur qui me pense amère, laisse-moi donc te contredire définitivement en te racontant des histoires romantiques à faire pleurer les étoiles et à faire fondre des crèmes brûlées. Cet article va te faire prendre conscience que quelle que soit ta plus belle histoire d’amour, elle ne pourra pas commencer de façon aussi romantique, romanesque et épique que celles que je m’apprête à te conter. Après la lecture de cet article, ta rencontre avec ta conquête te semblera forcement minable et pathétique …

Bonne lecture !

Petite prise de conscience subtile : que serait le célibat sans les histoires (oserais-je dire d’amour ?) qui signent sa mort programmée ? Chaque passage du célibat à la rencontre marque un tournant, un virage en épingle pris sur deux roues dans un crissement de pneus assourdissants.

Le  Préalable 2 nous a mis en tête que l’amour est multiple et que si quelques fois on sait qu’une personne avec qui on fait un bout de chemin ne sera jamais la dernière, quelques fois on se laisse aller à s’imaginer crouteux et arthrosique à ses côtés et c’est beau. Le truc c’est qu’en quelques dizaines d’années de vie commune il faudra raconter l’histoire de sa rencontre avec l’autre des millions de fois !  Et là ça devient délicat.

Un ridicule « bah j’me tapais sa sœur et j’l’ai préférée elle … » ne pourra jamais faire rêver l’auditoire ! Non, il faut du romantique, du romanesque, que dis-je de l’épique !
Ces « ils était une fois » vont t’emporter emporter loin vers les firmaments de la beauté …aussi, je commence sans plus de suspens … il était plusieurs fois …

Du romanesque

Mes grands-parents se sont rencontrés au début de la seconde guerre mondiale, tous deux prisonniers dans un camp de travail, loin de chez eux, loin de leurs patries respectives, en Allemagne. Ma grand-mère s’est retrouvée à faire le service à la cantine, et, prise de pitié, elle apportait de la nourriture en douce à mon grand-père qui en était privé car il était régulièrement soupçonné (à juste titre) de sabotage. Ils se sont aimés ainsi. Un prisonnier qu’on tâchait de faire mourir au trou et une jeune femme, loin des siens, de sa famille qu’elle n’a jamais revu. Ils se sont donc aimés au jour le jour dans ce camp, ne sachant pas s’ils auraient un lendemain. Puis ils en sont sortis, ont fondé une famille, leur famille, la mienne.

N’est-ce pas génial comme histoire ? Voilà qui sonne comme le début d’une merveilleuse histoire d’amour (et encore, là je vous ai raconté la version courte, la version détaillée est encore plus disney, mais je ne veux pas vous faire pleurer) !

Un banal « bah on était à l’école ensemble dans la même classe/on travaillait ensemble, je l’ai trouvé(e) pas mal ! » ou un « oui c’était mon voisin, j’attendais qu’il sort pour sortir de chez moi au même moment, juste pour le croiser et voir son visage en découvrant le poulet crucifié sur sa porte » est d’un commun, d’un basique !

Du romantique

Un couple de ma connaissance s’est formé naturellement, par hasard et de façon commune. Mais lorsqu’ils ont appris à se connaitre, ils ont trouvé d’étranges similitudes sur leur date de naissance (la même à quelques heure près), leur lieu de naissance (le même), leur hôpital de naissance (le même !). En en parlant à leurs mères respectives, ils se sont rendu compte que les deux femmes ont partagé la même chambre d’hôpital à la naissance de leurs enfants respectifs. Ils ont donc passé les premiers jours de leur vie côte à côte … et vivent aujourd’hui ensemble jusqu’à leurs derniers jours.

C’est-y pas charmant comme histoire ?

Rien à voir avec un stupide « on s’est croisé dans la rue/en soirée/à la cérémonie de sacrifice animal du jeudi … (ou autre lieu public) on s’est plu tout de suite » c’est d’un banal !

De l’épique

Une de mes amie a rencontré un homme charmant en soirée, jusque-là rien d’original. Mais lorsqu’elle voulut renter chez elle, il la raccompagna jusque dans la rue. Là ils furent pris à partie par une bande de jeunes agressifs qui, après quelques altercations devinrent violents. L’un d’eux lança une bouteille en verre au visage de la jeune femme qui se serait trouvée défigurée si, courageusement, l’homme n’avait pas mis sa main devant elle pour stopper le projectile. Grièvement blessé à la main, leur histoire débuta aux urgences, certes, mais débuta ainsi … et il porte aujourd’hui et pour toujours une cicatrice qui lui rappellera à jamais le début de leur histoire.

Voilà. N’est-ce pas bien plus passionnant à raconter qu’un ridicule « on s’est rencontrés en ligne » ? Allez, avouez que ce genre de rencontre, c’est vraiment classe. Avec ce genre d’histoire, l’auditoire est captivé, embarqué. Vous vendez du rêve, vous êtes une star. Et le plus génial c’est que ces histoires finissent fatalement bien : vous tombez amoureux … Bon, on ne parle pas de votre quotidien morne ou de votre rupture tragique quelque temps plus tard … faisons abstraction !

Sentez-vous libres d’ajouter, dans les commentaires, quelques histoires de rencontres originales à faire pleurer dans les chaumières, celles de vos connaissances ou les vôtres !

Beark. Devant tant de bonheur dégoulinant, mes doigts se liquéfient et commencent à coller sur mon clavier, je vais donc conclure rapidement. Si vous rencontrez la bonne personne un jour, tâchez d’améliorer votre récit si celui-ci est un peu commun. Faites rêver les gens, ou sinon, fermez-la et épargnez-nous vos niaiseries creuses. Merci !

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