Une fois n’est pas coutume, soyons un temps soit peu sérieux pour un article au sujet grave qui tiraille les érudits de ce monde depuis des temps immémoriaux.

Eh oui, nos amis en couple sont tous fort beaux et heureux. Les mauvaises choses du quotidien glissent sur eux comme l’eau sale sur les plumes de canards amoureux. Leur monde de douceur et de tendresse immaculé est vierge de tout relief. Un halo de lumière divine caresse leurs épaules quand ils parlent l’un de l’autre, tandis qu’un doux zéphyr dans lequel chantent des séraphins, porte en lui un subtil parfum d’été et agite lentement leurs cheveux sans les décoiffer, … leur beauté et leur perfection, qu’envie probablement le ciel, fait d’eux des êtres supérieurs que nous ne pouvons contempler que de loin.

Nous mortels amères et seuls, morlocks de l’amour, qui nous nourrissons de restes et d’autres âmes perdues. Nous que les ténèbres portent en leur sein, bêtes de nuits, s’abreuvant à l’artère palpitante de quelques plaisirs éphémères qui tiennent bien plus du vice que de la vertu.

Nous parias des sorties à trois, l’être de trop, dépareillé, qui tient dans sa main une chandelle impalpable qui se changera en pieu, face à trop de bonheur putride, pour mieux nous crucifier.

Nos aventures creuses, nos histoires trop courtes … nous qui n’avons parfois juste rien à dire, muets témoins d’un monde qui bouge autour, tandis que la terre devient tellement plate lorsque naît l’amour.

Amis en couple, comme vous vous en doutez, le cynisme de ces quelques lignes nait bien plus de la rhétorique humoristico-poétique que de la réelle conviction. Nous autres, qui avons fait le deuil de trop de rêves, des disney et de nos idéaux, avons besoin d’une belle image à accrocher dans un coin de notre cerveau, pour nous tourner vers elle quand, en de très rares occasions, entre nos nuits d’ivresse, d’alcool et de sexe,  le regard embué, un merveilleux goût de vomi dans la bouche, nous cherchons un peu d’espoir. Cette image c’est vous. Ne changez pas.

Notre situation est tout de même bien plaisante. La raison en est, personnellement, qu’au fil des mois qui s’enchainent inexorablement, je retrouve quelqu’un de plutôt sympathique que j’avais presque oublié après toutes ces années, on a réapprit à se connaître, à vivre ensemble, on s’entend même très bien … il s’agit de Moi. Aussi, plus le temps passe, plus ma condition de morlock me plait. Et tandis que mes yeux se réhabituent au noir, j’y découvre des choses de plus en plus intéressantes. Je prévois donc d’en profiter pour visiter un peu, avant que tôt ou tard, mon monde ne redevienne plat et mon univers trop lisse …

Faites de même les amis, et surtout soyez heureux.

Edit : vous pouvez à présent lire la seconde version de cet écrit : Couple VS Célibat (V2)