Alors ouais, le titre à l’air un peu pompeux et ça semble très chiant écrit comme ça, je vous le concède volontiers. Mais une fois n’est pas coutume, c’est l’heure de la culture ! Je vais faire mon intello à 3 euros (prix du livre dont il est question) et vous parler d’une lecture que je viens de finir. Non, non, l’ami, ne ronfle pas tout de suite, ceci peut t’intéresser.
Si vous aviez encore un temps soit peu espoir de rencontrer un jour l’âme sœur, celui ou celle avec qui vous serez complet, le gant de votre main, le yin de votre yang, la tonique de votre accord, le levain de votre pain, et autres métaphores superbes, j’ai une lecture parfaitement appropriée à vous recommander. Aujourd’hui ça n’est pas moi, mais c’est Schopenhaur qui viendra briser le mythe de l’amour. Dans « La métaphysique de l’amour sexuel » Schopenhauer démonte la mécanique de la séduction et de la quête de l’être convoité. Lecture très intéressante en somme mais qui m’a tout de même donné envie de me tirer une balle. Voila donc de quoi blaser les naïfs, et même les plus grands fans de disney.
Pour vous faire un résumé simplifié à l’extrême, d’après l’auteur, l’amour et ses transports ne sont qu’une manœuvre de notre esprit, une ruse que la nature a trouvé pour assurer l’acte reproductif et donc la perpétuation de l’espèce. Nos actes individuels de recherche de plaisir vont en ce sens et servent ce même dessein collectif. Nous séduisons instinctivement des personnes qui nous plaisent uniquement parce que nous savons inconsciemment que la progéniture qui naîtra de cette union sera harmonieuse. Pour peu que nous ressentions du désir pour une personne, ce mécanisme qui nous donne pourtant l’impression d’être vivant, une fois en possession de l’objet de nos désirs, nous ne pouvons être que déçus (avec toutes ces idées d’idéal qu’on a eu le temps de se mettre en tête c’est balo) car le mécanisme de la relation (physique et/ou amoureuse) ne sera pas différent de ce que nous avons connu jusqu’alors … et qui plus est, une fois le désir consommé, la relation n’a plus vraiment d’intérêt. Enfin, dernier point si certaines avaient encore des doutes, les hommes sont par nature biologiquement infidèles.
Bref, on est des bêtes. Rien de nouveau sous le soleil. Cette lecture, je dois l’avouer était très intéressante et je ne peux que trop vous la recommander. Mais bon, un peu de magie, merde. Nous avons fait le deuil des disney depuis longtemps, mais sommes-nous pour autant des automates ?
Triste réalité qui explose le peu d’illusions qu’il pouvait me rester. Bon c’est décidé, je me fais une raison : après avoir mené une vie dissolue de sexe et d’alcool, lorsque la force, la beauté et la jeunesse auront définitivement quitté mon pauvre corps flétrit, je mourrai en solitaire avec des chats qui mangeront mon corps à ma mort. Vaste programme, riche en désillusions.
Moi qui prône le délavage de cerveau, la fin des rêveries pathétiques et une acceptation de la réalité nue, brute de forme, c’est un peu le comble. Et si on se voilait la face encore un peu en croyant au prince/à la princesse charmant(e) finalement … ? Je veux dire, laissons-nous un peu d’espoir, non ? L’espoir fait vivre …
oui!! L’espoir fait vivre, le rêve fait plaisir, le sentiment fait grandir.
Bien que peu sûre de mon style d’écriture, je vais tenter la chose. Je ne peux pas ne pas réagir à cet article.
Je vais donc tenter le coup du « faites ce que je dis, pas ce que je fais » : coup de gueule, auto-persuasion et autres.
Ouh que les sentiments font peurs!!! On ne les commande pas, on ne les maîtrise pas, ils peuvent apparaître sans prévenir (ce qu’ils font souvent en plus ces malins!)Il est tellement plus simple de les mettre de coté, de les rationaliser, de les empêcher de tourner en rond. C’est beaucoup plus rassurant que de se laisser aller à se laisser dicter nos actes par des sentiments sur lesquels on n’a aucune prise. Je le sais! C’est l’expérience qui parle!!! (vous vous souvenez?! : faites ce que je dis, pas ce que je fais!)
Alors cher auteur (dont j’apprécie néanmoins beaucoup le talent de rédaction!)attention, ceci est une mise au point :
Vous êtes vous déjà battu pour des principes?
Vous qui prônez la confiance en soi, l’affirmation de ses idées, l’assurance, comme tant d’armes plus efficaces encore qu’un peu de mascara, et un décolleté plongeant pour conquérir le coeur de votre cible ; vous qui décortiquez le fond de vos convictions pour vous appuyer sur un socle solide, de fondamentaux qu’on ne devrait pas oublier, vous qui forgez, à mesure d’auto-persuasion une force qui, à l’extrême, pourrait paraître froide et mécanique, vous là, ne rêvez-vous donc jamais? Jamais de fleur bleue, jamais de coucher de soleil sur l’océan assis sur une plage bercé par le ressac, jamais de coeur, d’avion, de mouton, dans un nuage, jamais de frétillement de narine allongée dans un champ, chauffée par le soleil d’été, jamais de sourire au coin des lèvres sans trop savoir d’où il vient, jamais de douce mélancolie, jamais jamais jamais? J’y crois pas ! Même pas vrai ! Je le sais, aussi puissante qu’on soit, tôt ou tard, le rêve s’exprime, à moins de l’avoir vraiment enfermé au plus profond de soi mais même les plus méchants des méchants rêvent, enfin je crois!
Osez dire que derrière cette façade pragmatique, bien cachée derrière le mur de votre auto-persuasion, vous n’avez pas une infime parcelle qui frétille à la simple évocation du terme « prince charmant »? Pas celui de Shrek, ou celui qui sur son cheval blanc emmène la Belle au bois dormant au nez de Cendrillon! Mais celui…avec qui votre carapace coulera sur vous comme un paréo mal attaché, celui qui, voyant vos efforts pour reconstruire cette carapace achèvera sa destruction par un revers de sourire assortie d’une fossette (c’est important la fossette!) qui vous tiendra la porte, celui qui s’entendra bien avec vos amis, qui vous sourira avec tendresse et affection quand vous vous acharnerez sur ce put** de pot de confiture qui ne veut pas s’ouvrir, celui qui vous attrapera doucement dans ses bras quand, en colère ou frustrée ou vexée, vous tenterez de vous battre avec vos petits poings, celui à qui il n’est pas besoin d’expliquer l’état d’âme dans lequel vous êtes et qui prend les devants pour arranger les choses, celui qui vous écoutera raconter vos soucis, angoisses, inquiétudes en disant ce qu’il faut pour vous rassurer, celui contre le flanc duquel, la tête posée contre son torse nu à écouter les battements de son coeur, un sourire au coin des lèvres, sa main entourant vos épaules, vous penserez que rien d’autre n’a d’importance sur
terre que ce moment ne s’arrête jamais, celui pour qui on pourrait écrire des heures et des heures de « celui qui ». Ce prince charmant là! THE prince charmant! Le seul, l’unique!
Osez le dire! Une petite partie de vous en rêve encore.
C’est peut-être naïf, enfantin, faible, mais je l’assume, j’ai encore ce genre de rêve. On aura beau me faire toutes les démonstrations les plus cartésiennes et indiscutables, je rêve et rèverai encore!
Ce qui me rassure, c’est que bien que vous le cachiez vite fait bien fait, Shopenhauer, par son extrémisme, semble avoir réveillé en vous cette corde sensible. Car oui! Elle existe cette corde!
Corde à noeux, corde sensible, corde à son arc, corde de guitare, comme toutes cordes, elle vibre. Vibre de ses sentiments qu’on souhaite masquer au nom d’une force qu’on veut montrer. Et là, dilemme… masquer ou montrer telle est la question.
Alors un conseil (faîtes ce que je dis, pas ce que je fais), mettez de coté votre carapace de rationalisme, laissez parler vos sentiments, faites leur confiance, vous verrez, c’est grisant de se laisser aller. Une maison vivante, désordonnée, remplies de cris d’enfants et d’odeur de tarte au pomme est plus chaleureuse qu’un musée aux néons clignotant dans de grandes salles froides ; un physique aux formes rebondies est plus accueillant qu’une planche à pain, un caractère plein de couleurs et d’expressions est plus attirant qu’un reflet uniforme et fadasse aux angles trop polis.
Osez dire « Merde », « j’Aime », « c’est moche »! On ne vous en voudra pas…
Sentimentalisez, vous avez le droit, et on vous aime forte, mais ils font partie de vous et on vous aime pour ça!
« J’aime » ce commentaire. Même pas peur de le dire ! Na !
Chère Reveuz,
Je comprends parfaitement votre réaction tout à fait légitime face à mes articles, qui peuvent sembler un poil amères. Sympathique pamphlet contre quelques logiques trop logiques appliquées à
l’amour, là où elles n’ont absolument rien à faire, certes. Mais je fais hélas partie de ceux qui cherchent à appréhender la Vérité (pour le coup, elle a un grand v) avec les outils de recherche qu’ils ont à leur disposition. Ces outils ne sont pas toujours fiables aussi ai-j mes faiblesses, bien entendu ! Je n’ai jamais affirmé le contraire. Mais il se trouve que mes conclusions (l’absence d’un prince charmant par exemple) sont fruit d’une conclusion personnelle obtenue grâce à une réflexion basée en grande partie sur la Raison (elle aussi avec un grand r). Aussi cette conclusion est à mon sens une vérité, bien plus qu’un compte de fée peut en être une. Choisir un compte de fée comme vérité n’exige aucune réflexion, juste un peu de rêve,
quelques soupirs et le regard perdu vers des « et si … » ou des « si seulement … ». Bref, un charmant vœu pieux au père-noël. Aucun examen raisonnable ne se fait sans réflexion.
Cependant, je ne nie pas l’existence des rêves, ni tous les bienfaits qu’ils peuvent éventuellement apporter. Cher amis, je serais bien le diable si je vous interdisais de rêver ! Il faut simplement être à même de les considérer comme tels et ne pas les prendre pour vérité, ce qui, par définition, ils ne sont pas.
Après reste à voir ce que l’on entant par « prince charmant », parce que oui, si vous cherchez un homme charmant qui ouvre virilement un pot de confiture et sait faire des câlins de temps à autres, une chance, ça existe. Si les rêves sont simples, emprunts de réalisme ou, en tous les cas, s’ils appartiennent au champ des possibles et ne sont pas trop exigeants, rêvez ! Rêvez donc !
Dans cette logique là, les rêves d’aujourd’hui seront le quotidien de demain. Mais n’oublions pas que plus nous rêvons d’un idéal, plus les probabilités de l’atteindre sont faibles.
Je ne tiens pas à exposer ici ce à quoi je ne crois pas ni pourquoi je n’y crois pas (je le fais déjà bien assez dans les articles que vous pouvez lire chaque jour). Je vais plutôt me prêter à
l’exercice et tâcher de jouer le jeu de la rêveuse afin de proposer un article un peu plus doux à l’occasion.
Merci pour ta participation chère amie Reveuz.
réponse accordée, valide par ses arguments toujours clairs et rationnels.
Je suis désolée si mes propos ont été quelques peu francs (trop?), je tenais juste à exprimer le fait qu’il ne faut, à mon sens, par renoncer à ses rêves. Si le prince Charmant comme le décrit notre auteur préférée n’existe pas, au moins, et il est d’ailleurs d’accord avec moi, le prince charmant qui sait ouvrir des pots de confiture existe bel et bien lui!
Un rêve, et je la rejoints tout à fait là-dessus, par définition, exprime un souhait inatteignable. Vouloir le prince charmant de ses rêves, appartenant au domaine de la féérie, qui vient nous
chercher dans notre tour, sur un beau destrier blanc, après avoir occis le dragon, lui, n’existe pas. Je ne sais pas vous, mais j’ai autre chose à faire que de me laisser enfermer dans une tour, attendre un type qui risque de mettre des plombes à arriver en plus. Perso, si malgré tout on arrive à m’enfermer dans une tour, et que mon téléphone portable ne capte pas ou n’a plus de batterie, je hurle tellement fort que les voisins eux mêmes feront en sorte de me délivrer. (et pis d’abord, ça n’existe pas les dragons!
Rien ne sert donc de le vouloir, ce blondinet (oui, il est toujours blondinet le prince charmant des contes), sauf si on est un peu masochiste.
Le prince charmant auquel on a le droit de rêver, c’est celui qu’on a une chance de croiser sur notre chemin, en allant au boulot, à une fête chez des amis, pendant des vacances. Et là, point de destrier blanc ni de tour, ni de dragon, et encore moins d’armure. Bien sûr, ce dernier ne sera pas parfait, il aura des défauts, des vrais, de ceux que peut-être votre meilleure amie ne pourrait pas supporter! Il vous énervera mais vous lui pardonnerez. ca fait partie d’une vie de couple saine, à mon sens, quelques gueulantes de temps en temps. Peut-être certains de vos amis auront même du mal à comprendre comment vous faites pour vivre avec lui? Qu’importe?! Pour vous, en vos yeux scintillants, il sera presque parfait. Il est important ce -presque- dans la phrase. Pas question d’être naïves les filles! L’important c’est qu’en faisant les deux colonnes sur une feuille blanche : cotés positifs, cotés négatifs, la première soit bien plus remplie que la seconde. Et là, très cher auteur, même vous, vous aurez trouvé votre charmant(e).